Tao, pratique et compréhension du Maitre - Chrislanuit ses mots et ceux d'autrui

Bosch 1504
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Le Tao
Le Tao ne peut se définir clairement

Infini, il ne peut être nommé, il est intemporel

Non-nommé, il est le Ciel et la Terre

Nommé, il est la Mère de toutes les créatures

La paternité du Tao Te King est confuse, la légende le fait remonter au Ve siècle avant
notre ère, mais de nombreuses recherches infirment cela, l’ouvrage serait plus ancien
vers l’an IIIe avant  l’autre. Un autre plus ancien a été retrouvé dans une tombe
à Tchang Cha, province de Hunan, ce manuscrit remonterait à l’an 168 avant
notre ère et ne peut avoir été écrit par Lao Tseu qui vivait lui
au VIe-Ve siècle (570 – 490)

Un vieux sage vivant dans la chine ancienne alla vers les royaumes barbares de l’Ouest
Il avait travaillé comme archiviste à la cour des rois de Zhou
Il s’appelait Li Er, était originaire du village de Zhu Ren district de Lai
région de Lu du pays de Chu.
Son nom public était Tan, mais tous l’appelait le Vieux Maitre, Lao Tseu en chinois
pour la diffusion de son enseignement
Il avait rencontré un autre grand sage, Kong Fou Tseu dit aussi Confucius.
A trop se hisser, on en perd l’équilibre
A trop se hâter, on n’assure pas mieux l’arrivée
A trop paraître, on altère sa réputation
A trop s’imposer, on perd sa crédibilité
A trop se vanter, on se déconsidère

Selon le Tao, l’orgueil est éphémère, ses manifestations sont odieuses et détestables
On les compare à des déchets de table nauséabonds, à une tumeur fétide ou à des vomissures qui inspirent à tous un profond dégoût

Quiconque se conforme au Tao, s’en écarte absolument
Ménager ses paroles et ses actions, pour s’identifier au Tao
Le vent le plus impétueux souffle-t-il plus une matinée ?
Une pluie torrentielle dure-t-elle plus d’une journée ?
N’est-ce-pas le Ciel et la Terre qui les produisent ?
Si leur effort conjugué ne peut soutenir leur action, à quoi l’homme peut-il prétendre ?

En harmonie avec le Tao, le sage conforte ses qualités, s’identifie à lui et accroit ses vertus
Celui qui adhère au crime en sera imprégné et ira à sa perte
Dans le monde, aucune chose n’est statique
L’incomplet est achevé
Le courbe est redressé, le vide est rempli
Les choses usées se sont renouvelées
La simplicité est porteuse de réussite, l’abondance, d’incertitude

Ainsi le sage qui observe le Tao est un modèle pour le monde
Il brille par son humilité, ne se mettant jamais en lumière, il resplendit par lui-même
Il ne se vante pas, son mérite est éclatant

Modeste sa supériorité illumine
Humble et ne s’opposant à personne, il ne suscite pas l’adversité

L’ancienne tradition dit : « Le monde est en mouvement »
Est-ce un vain adage, ou bien le principe qui résume le Tao ?
Sur terre, toute forme de vie procède du Tao, sa nature est diffuse, impalpable, indiscernable.
Oh ! Qu’il est vague et insondable

Mystérieux et ténébreux, il est nature, la substance et l’essence dont toute vie dépend

Invariable depuis les temps anciens, son nom est inchangé.

Tous les êtres prennent naissance en lui
Comment avoir une telle certitude ?
Par la méditation du Tao
Celui qui renonce à l’érudition s’éloigne de la tristesse.
Un « oui » spontané ou un « oui » réfléchi diffèrent-ils ?
Qu’elle est la limite entre le bien et le mal ?
La crainte habite-t-elle toujours le cœur de l’homme ?
Toutes ces questions n’égarent-elles pas l’esprit ?

Les hommes rustres jouissent des plaisirs de la table, comme s’ils participaient au sacrifice suprême ou aux réjouissances du printemps

Je reste imperturbable, comparable à un nouveau-né n’ayant encore jamais souri.
Hagard, sans expression, comme un sans-logis

Les hommes possèdent toutes les richesses.
Démuni de tout, je suis pauvre, comme inculte et déshérité.
Eblouissant de lumière, ils comprennent tout, alors que tout me parait obscur.
Balloté par les flots, déplacé au gré du vent, mon esprit est confus, incertain
Empli de certitudes, chacun s’achemine dans la vie.

Je diffère des autres hommes parce que mon esprit ne s’abreuve qu’à  la mère originelle.

Repousser l’intelligence et l’érudition rendra le peuple plus heureux.
Rejeter l’humanité et la justice, le peuple retrouvera l’amour filial et l’affection paternelle.
Repousser le luxe et le lucre, escrocs et malfaiteurs disparaitront

Il faut s’éloigner des apparences, car les vertus artificielles ne subsistent pas.
Il faut s’attacher à la simplicité et à l’authenticité, s’écarter des désirs et des profits matériels
Il faut renoncer à toute science, pour être libérer de tout regret.
La connaissance du Tao s’estompa avec le temps, les principes d’humanité et de justice apparurent alors.
Puis suivirent érudition et compétence, qui engendrent le doute

Lorsque les relations familiales : mari-épouse ; père-fils ; aîné-cadet, ne sont plus en harmonie, l’amour filial et l’affection des parents deviennent des actes vertueux.
De même la dégradation dans le geste de l’Etat suscite la vocation de fonctionnaires intègres.

Dans l’antiquité, le peuple ignorait l’existence des grands souverains.
Par la suite, vinrent ceux qu’il honora
Puis, suivirent ceux qu’il craignit, et enfin, ceux dont les actions furent méprisées

La loyauté du peuple n’est que le reflet de l’authenticité de son roi.
Les premiers administraient leur royaume avec réserve, les affaires prospéraient et le peuple pensait tout accomplir de sa propre volonté.
Parvenir à faire le vide en soi pour acquérir la quiétude.
Toute chose vit, prolifère puis retourne à son origine.

Revenir à la source première, c’est atteindre la sérénité et l’équilibre de vie.
La vie se renouvelle sans cesse.

Le sage connait cette loi immuable.
Serein, comme le ciel, il vite en parfaite harmonie avec le Tao.

Celui qui l’ignore vit dans l’erreur, mais celui qui en a la connaissance atteint un grand âge, sans aucune adversité jusqu’à la fin de sa vie.
Les sages antiques étaient subtils et secrets, d’une si profonde connaissance, qu’une parabole permet mieux que les mots de comprendre leur profondeur

Ils étaient aussi prudents que celui qui s’apprêtent à traverser un cours d’eau glacé ; craintifs comme celui qui redoute d’être épié par ses voisins ; discret comme l’invité chez son hôte ; insaisissable comme la glace fondante ; rustiques comme l’écorce d’arbre ; aussi profonds que le creux de la vallée.

On l’observe sans le voir, il est imperceptible
On l’écoute sans l’entendre, il est inaudible
On désir le saisir, il est impalpable.
Ces trois qualités indissociables définissent l’unité du Tao.
Il n’est ni lumière ni obscurité.
Si l’on va à sa rencontre on ne voit pas sa face
Si on le suit on ne voit pas son dos
Imperceptible, hors du temps et sans forme, il est non-être

Celui qui observe le Tao antique maîtrise le temps présent; celui qui en a la connaissance peut concevoir l’origine du monde.
Redoute les honneurs éphémères autant que les disgrâces
Quelle signification doit-on donner à cela ?
Les faveurs remplissent le cœur de l’homme d’inquiétude ; la disgrâce effraye atteint l’homme dans sa personnalité.
Les honneurs et l’ignominie sont néfaste pour l’homme, il en est éprouvé et son comportement troublé.

Seul, celui qui n’a aucun souci de sa personne peut gouverner l’empire.
Celui qui a le souci des autres, peut acquérir l’empire
L’observation intense des cinq couleurs affaiblit les yeux de l’homme
L’écoute assidue des cinq sons émousse l’audition
L’Habitude de goûter les cinq saveurs rend le palais insensible

La course et la chasse déchainent les passions de l’homme
L’avidité à rechercher les choses rares égare sa conduite
Aussi le sage limite ses désirs pour préserver ses qualités intérieures
Repoussant les uns, il favorise les autres

Trente rayons forment une roue, mais du vide central s’active la force qui permet l’usage du char

D’argile sont façonnés les vases, mais l’usage se fait du vide

Sans portes ni fenêtres. Qu’en serait-il de nos maisons ?

Toute chose existe par sa faculté d’être et son usage est son non-être
Être attentif à conserver sa force vitale étroitement unie à son corps

Contempler le mystère, sans être fasciné et rester serein
Gouverner le peuple et le préserver par amour du non-savoir

Laisser s’écouler l’ordre du monde, passif comme la femelle, pratiquer le non-agir

Tout entendre, tout comprendre et garder le silence
Instruire sans attendre ni profit ni récompense
Ne s’imposer jamais à ceux que l’on éduque
Être conforme à la voie mystérieuse
S'obstiner à remplir une coupe pleine et croire qu'elle ne peut déborder est peine perdue

Une lame aiguisée finement ne pourra rester longtemps sans qu'elle s'effile son tranchant

Penser qu'une salle pleine d'or et de pierreries puisse être toujours inviolable est utopique

Se flatter de sa puissance et de ses grands richesses, c'est édifier sa propre ruine

L'homme sage sait se retirer sans attendre la gloire et ainsi, agit selon la voie céleste
Le Tao, c’est l’immensité du vide.
Inépuisable, il s’écoule sans cesse et ne s’épuise jamais
Profond et infini, il semble être à l’origine de toute chose

Il abaisse les supériorités et démêle l’écheveau des difficultés
Il harmonise les qualités et transforme les défauts en poussière.

Enfoui dans l’immensité, il subsiste à jamais
A-t-il engendré ?
Il semble antérieur à tout


Lorsque l’habileté des hommes n’est pas prisée, cesse la discorde.
Si les choses rares ne sont pas recherchées, le peuple ne vole pas

Eviter les exhibitions tentatrices, éloignera le cœur des hommes de la convoitise
L’enseignement du sage consiste à vider l’esprit du peuple et à nourrir son ventre ; affaiblir son désir et à fortifier son corps.
Lorsque le peuple est ignorant, il s’éloigne des tentations

Le sage fait en sorte que ceux qui savent n’agissent pas.
Les sages pratiquent le non-agir et le monde est en paix

Chacun en ce monde à la perception de la beauté, ce qui implique celle de la laideur.
De même façon chacun conçoit la bonté donc la méchanceté, son contraire
Ainsi, être et non-être
Difficulté et facilité
Long et court
Avant et Après, sont en dépendance réciproque les uns des autres

Ainsi par le non-agir le sage œuvre et enseigne sans contraindre
Il oriente chacun sur sa voie sans intervenir dans son choix de vie, ni créer de dépendance
Il ne s’attribue aucun mérite des résultats acquis et son enseignement subsiste
Celui qui maîtrise le désir parvient à en concevoir la substance
Soumis aux passions, il n’en saisit que les effets ; ces deux principes n’en font qu’un
Le Tao dans sa substance n’est pas compréhensible à tous, mais il est perceptiple à chacun à travers et par ses effets
Indéfinissable, il préexistait avant le Ciel et la terre.

Inconcevable et unique, omniprésent et immuable, il est à l’origine de toutes choses, la matrice originelle
Mais comment la nommer, puisqu’il est indéfinissable ?
Alors, je la désigne par Tao
Tout et origine de tout

Ainsi je tente d’en concevoir la grandeur, mais plus cherche à le connaitre, plus son immensité s’éloigne de moi.

Quatre choses dans le monder ont de la grandeur : l’homme qui est issu de la Terre, la Terre qui est réglée par le Ciel, le Ciel qui est régi par le Tao, le Tao est régi par le Tao, le Tao qui est le tout et se régénère en lui-même

Subtilité de la matière lourde, émanation furtive, d’où nait le mouvement.
Le sage suit son chemin, de l’aurore au couchant, imperturbable, il ne s’attache pas aux valeurs illusoires
Il fixe son gîte, satisfait et paisible

Comme un responsable des destinées de l’empire, peut-il être opportuniste ?
La négligence met en péril l’autorité ; la précipitation, les fondements du royaume

Le bon marcheur ne laisse pas de trace derrière lui.
L’habile conférencier ne commet pas d’impairs
Pour le calculateur chevronné point de tablettes ni de bâtonnets
Au bon gardien barres et verrous sont inutiles
L’adroit cordelier n’utilise pas de nœuds complexes.

Le sage à du savoir-faire pour sauver les hommes, il ne délaisse personne

Le sage utilise des objets à bon escient, il n’en rejette aucun
Il possède en lui ces deux qualités

Le sage est là pour perfectionner le monde, les hommes imparfaits sont la première matière du sage

Si l’on ne vénère pas son maitre, ou si le maître n’affectionne pas tous les hommes, voila deux attitudes erronées qui ne peuvent contenir la sagesse.

Ceci est la plus subtile vérité
Retenir sa puissance et n’agir qu’avec passivité
Préserver l’attitude féminine, c’est l’esprit de la vallée
Etre naïf et pur, comparable au frêle nourrisson
Connaitre sa face lumineuse, avoir conscience de sa face obscure, c’est être la base du monde
Celui qui agit en harmonie avec le Tao, ne vacille jamais

Etre digne d’honneur et ne point paraître, c’est se faire vallée
Ainsi se comporte le sage avec simplicité
Sa parfaite humilité lui permet de gouverner sans besoin de tailler

Vouloir façonner le monde pour le gouverner à sa guise est voué à l’échec
Le monde est un vase sacré, empli de spiritualité, que l’homme doit préserver.
Prétendre le modeler selon sa volonté, contribue assurément à le perdre.

Tous les êtres sont de nature diverse
Certains sont dynamiques, d’autres lents ; les uns puissants, les autres fragiles ; les uns sérieux, les autres futiles.
Le sage repousse tout excès : jouissance, luxe, ambition.

Un conseiller doit éviter de recommander l’usage des armes, car elles appellent la riposte.
Le terres occupées par les troupes sont désertées par les laboureurs et ne produisent que des ronces épineuses
Lorsque de grandes armées passent, des années de famine et de malheur suivent

Aussi le Sage obtient un dénouement rapide et décisif, sans recours à la violence.
Il combat par nécessité, sans orgueil ni intention de puissance
Au pouvoir succède la décadence
Quiconque se soustrait au Tao précipite sa chute.
Tout armement est de mauvais augure, l’humanité a les armes en aversion.
Celui qui suit le Tao ne les utilise pas.

Le sage n’emploie les armes qu’à contrecœur, préférant la paix à la plus glorieuse victoire
Vainqueur, il ne peut se réjouir d’une action qui a causé la mort de nombreux hommes.
L’avenir du royaume ne peut être confié à celui qui est satisfait de la mort d’autres hommes.

En temps de paix, la place d’honneur est à gauche, elle est à droite en temps de guerre

Selon les rites, la place honorable dans les évènements fastes est à gauche, à droite dans les évènements néfastes.

Dans les cérémonies funèbres le commandant en second est à gauche, le général en chef est placé à droite.
Responsable de la mort de nombreux hommes, c’est la place qui lui convient

Les victoires se fêtent selon les rituels funéraires, car il est plus convenable de pleurer la perte des hommes, que de se réjouir d’être vainqueur.

Le Tao est éternel, il ne peut être défini par un nom.
Imperceptible en apparence, le monde ne peut le contenir.
Si les princes et les rois s’y conformaient, tous les êtres suivraient leur exemple
Le Ciel et la Terre, en parfaite harmonie, répandraient la rosée bienfaisante et le monde serait en paix

Le Tao, à l’origine, bien qu’imperceptible se manifesta et put ainsi être nommé
Nommé on parvint à le concevoir
Sagesse et vertu devinrent ses limites

Le Tao est présent dans tout l’univers, toute chose en procède et retourne à son origine.
Comparable à l’étendue d’eau des grands océans qui est la source et le réceptacle de toutes eaux qui ruissellent, le Tao est l’origine de tout et toute chose se régénère en lui.

La connaissance des autres est une preuve d’intelligence, se connaitre soi-même, c’est faire preuve de sagesse.
Se maîtriser soi-même c’est faire preuve d’une force supérieure
Se contenter de son avoir, c’est être riche
Suivre sa voie résolument, c’est s’accomplir
Sans souci de l’existence, le sage acquiert la longévité
Partout en ce monde, le Tao se répand comme l’onde ; énergie vitale de tous les êtres, il ne se refuse à aucun
Son œuvre accomplie, il n’en retire aucune gloire.
Bienfaiteur de tous les êtres, il ne s’impose pas en maître, n’exprimant jamais sa volonté il peut paraître insignifiant
Sa grandeur est de s’imposer à aucun, bien que chacun dépende de lui.

Le sage ne considère pas sa grandeur jusqu’à la fin de ses jours ; par cette attitude d’humilité, il s’accomplit.

Le principe du Tao, c’est non-agir, cependant il est la source de toute activité.
Si les puissants s’y conformaient, tous les êtres parviendraient à se transformer.

En Harmonie avec le Tao, toutes velléités s’estompent, tout désir est contenu avec une grande simplicité

Par le non-agir on accède au non-désir.
Le non-désir procure la sérénité et le monde s’ordonne de lui-même

Le sage ne s’inquiète pas de sa vertu, elle est naturelle
Ceux qui s’en préoccupent sans cesse démontrent qu’ils n’en possèdent pas

La pratique du Tao est naturelle pour le sage.
Les hommes supérieurs sont attirés par la vertu, ils la pratiquent sans y songer
Les hommes inférieurs lui consacrent toute leur attention

La qualité d’humanité s’exprime sans dessein
Les principes de la justice sont intentionnels

L’ordre s’établit selon des lois, mais si personne ne s’y conforme, surviennent alors les obligations que tous rejettent.

Lorsque le tao fut délaissé, on vit apparaître les grandes vertus.
L’humanité fit place à la justice qui céda la sienne au protocole, mais le protocole n’est pas le reflet de la droiture ni de l’équité, il est source de confusion.

En toutes choses considère la fleur et le fruit.
Le sage apprécie le fruit et délaisse la fleur, ne s’attardant pas aux apparences, il concentre son attention à l’essentiel.

Voici ceux qui depuis l’origine s’harmonisent à l’unité du Tao : le Ciel par sa limpidité, la Terre par sa fermeté, l’esprit par son intelligence, la vallée par sa capacité à se remplir, l’humanité par sa capacité à se régénérer, les rois et les princes par leur exemple

Si le ciel perdait sa pureté, il s’obscurcirait de poussière.
Si la terre perdait sa stabilité, elle reviendrait au chaos
Si l’intelligence ne s’exprimait pas, l’esprit n’aurait aucune raison d’être
Si la vallée ne pouvait se remplir toute la nature deviendrait désertique
Si l’humanité ne se renouvelait plus, elle disparaîtrait.
Si les rois et les princes s’enorgueillissaient et faisaient mauvais usage du pouvoir ils seraient destitués.

C’est pour cela que les rois et les princes se disent orphelins, hommes sans mérite ni vertu.
Ils considèrent la modestie de leur origine comme un fondement essentiel.
Le plus beau char n’est-il pas composé de multiples pièces ordinaires ?

Le sage considère avec modestie ses origines et ne veut être apprécié ni comme le jade ni comme un simple caillou


Toute chose procède du Tao
L’être prend sa source dans le non-être
En revanche à la source première le faible se régénère et tous les êtres renaissent

Par le retour à l’origine s’exprime le mouvement, croissance et décroissance, aller et retour sont les fondements de la vie

Le sage parvenue à la connaissance du Tao s’y conforme avec zèle
Lorsqu’un homme d’esprit moyen en est informé tantôt il y adhère, tantôt il s’en détourne
Un homme de peu d’esprit le tourne en dérision
Toutes ses attitudes démontrent que la vérité du Tao n’est pas accessible à tous

Ainsi s’exprimaient les sages : « Celui qui a la connaissance du Tao parait sans lumière »
« Celui sui s’initie peu à peu donne à penser qu’il est désorienté »
« Celui qui lui étranger démontre sa petitesse d’esprit »

La grande vertu est profonde comme la vallée, voilant sa lumière pour ne pas révéler sa splendeur, dissimulant ses capacités au point de paraître honteuse

Comme un vaste carré dont les angles ne sont pas visibles ; comme un grand vase dont le font est inaccessible ; comme le son inaudible d’une voix se propageant à l’infini ; comme un silhouette furtive aux contours évanescents, le Tao est secret, il est indéfinissable, cependant il procure l’équilibre et conduit à la perfection

Du Tao procède l’unique
Un engendra deux, de leur union nait un troisième; l’harmonie apparaît et donne la vie.
L’harmonie des contraires est source d’équilibre

Tous les hommes redoutent d’êtres seuls, être orphelins ou d’avoir peu de mérite, cependant, rois et princes s’y réfèrent en signe d’humilité.
Ainsi agissent les hommes, les uns diminuent à vouloir se grandir, les autres autres par leur humilité parviennent à la grandeur

Sur cet adage repose mon enseignement :
« Une mort naturelle et paisible n’est pas l’apanage des violents »

En ce monde malgré l’apparence, c’est le mou qui vainc le dur.
L’impalpable traverse ce qui n’a pas d’interstices et de même s’exprime la puissance du non-agir

L’enseignement sans discourir, la subtilité du non-agir, combien d’hommes en ce monde parviennent à acquérir ses vertus ?

A quoi l’homme s’attache t’il le plus, à sa renommée ou à sa personne ?
Quel est le bien le plus précieux, la santé ou la richesse ?
Est-ce sage de perdre l’une pour acquérir l’autre ?

Celui qui aime la renommée s’épuisera à la poursuivre.
L’avidité du gain précipite la ruine
L’homme modeste est à l’abri de la disgrâce ; se contentant de peu, il na pas de grande perte et prolonge sa vie

L’idéal de perfection peut-il être atteint ?
Cependant ses effets s’étendent à l’infini

L’immensité donne l’impression du vide, elle n’en est pas moins intarissable

La suprême justice peut paraître imparfaite
L’extrême supériorité suscite le doute
La plus belle éloquence peut parfois rester muette
Le mouvement triomphe de la froidure
Le repos a raison de la chaleur
Contraintes et complémentaires sont les fondements du monde

Lorsque l’enseignement du Tao règne parmi les hommes, les meilleurs chevaux aident aux labours
Quand celui-ci est délaissé, les chevaux de guerre fourmillent autour des villes


Quel plus grand fléau que la convoitise ?
Quel plus grand désastre que l’instabilité ?
Quelle pire disgrâce que l’avidité ?
Seuls, ceux qui savent se satisfaire parviennent au contentement
Inutile de franchir sa porte pour connaitre le monde
Inutile de regarder par la fenêtre pour connaitre les voies du Ciel
Plus on s’éloigne, moins on apprend

Sans se déplacer, le sage sonde les profondeurs de l’univers.
Sans voir, il a la connaissance du monde
Sans agir, son œuvre s’accomplit
Par l’étude, le savoir s’accroît de jour en jour
Par l’étude du Tao on diminue peu à peu ses désirs et l’on parvient au non-agir
Par la pratique du non-agir tout devient possible

Celui qui s’affaire sans cesses ne peut maîtriser l’exemple
C’est en pratiquant le non-agir que le sage peut gouverner l’empire

Les pensées du sage ne sont pas le reflet de son cœur, mais celui du peuple
Il considère l’homme vertueux, et pour celui qui ne l’est pas, il est compatissant
Alors s’exprime la grande vertu, selon l’enseignement du Tao
Accorder sa confiance à tous ceux qui sont sincères et à ceux qui ne le paraissent pas, c’est pratiquer le Tao

Le sage vit retiré et impassible, mais ses sentiments sont les mêmes pour tous
Chacun observe et écoute le sage, lui les considère tous comme ses propres enfants

Sortir, c’est entrer dans la vie
Entrer, c’est parvenir à la mort
A sa naissance, l’homme est doté de treize attributs de vie, par aux, certains abrègent leurs jours en les transformant en attributs de mort
Comment cela ?
Par une trop grande avidité de vivre

Cette chose est connue
« Celui qui ne craint pas pour sa vie ne redoute ni rhinocéros ni tigre sur son chemin »
Il passe au travers de l’adversité sans armes ni cuirasse
Cornes, griffes ou glaives ne peuvent l’atteindre, il n’est pas sensible à l’agressivité
Comment cela est-il possible ?
Le sage ne craint pas de mourir
Le Tao procure la vie, la vertu l’affermit
Ainsi par une force intérieure, naissent et se perfectionnent tous les êtres
C’est la raison de la vénération que l’on porte au Tao et du respect que l’on a pour la vertu

Ces qualités sont innées en chacun, tous les êtres reconnaissant que le Tao procure la vie, nourrit, affermit, fait croître, perfectionne, soutient et protège

Le Tao donne vie à tous les êtres sans les rendre dépendants
Il les rend meilleurs et ne s’en attribue aucun mérité
Il les guide sans jamais contraindre
Le Tao pénètre et génère, la vertu nourrit et transforme l’être

Tout a son origine dans la Mère du monde
Par la Mère on connait ses enfants
Cette connaissance renvoie vers la Mère et met à l’abri de tous les dangers

Celui qui maîtrise ses ouvertures, conserve longtemps la vie
Celui qui multiplie ses actions et ses paroles au terme de sa vie sera sans ressources
Utiliser sa lumière, ne pas craindre l’adversité, percevoir les subtilités, agir avec souplesse, c’est se couvrir d’un manteau et prolonger sa vie

L’expression de la sagesse, s’est se conformer au Tao et redouter d’entreprendre une autre voie
Ce chemin est droit et uni, mais la multitude préfère les sentiers sinueux

Lorsque la vie des palais et à l’opulence, les terres sont stériles et les greniers sont vides
Etre vêtu d’habits somptueux, avoir au côté une épée tranchante, être repu de boisson et de nourriture, déborder de richesse, c’est justifier le vol par une conduite contraire au Tao.

Celui qui affermit les fondations construit pour l’avenir
Ce qui est fortement attaché ne pourra se délier facilement
Fils et petit-fils en recueilleront les fruits et vénéreront sa mémoire

L’homme qui pratique le Tao avec sincérité acquiert l’authenticité
Son exemple profite à la famille, s’étend à l’entourage et dans les villes, affermit l’Etat et propage la verte dans le monde

Juge l’homme selon ton propre modèle, les autres familles selon ta propre famille, les autres village selon ton propre village, les autres Etats selon ton propre Etat.

Comment se faire une idée juste du monde ?
Selon ce qui vient d’être énoncé.

Tout a son origine dans la Mère du monde
Par la Mère on connait ses enfants
Cette connaissance renvoie vers la Mère et met à l’abri de tous les dangers

Celui qui maîtrise ses ouvertures, conserve longtemps la vie
Celui qui multiplie ses actions et ses paroles au terme de sa vie sera sans ressources
Utiliser sa lumière, ne pas craindre l’adversité, percevoir les subtilités, agir avec souplesse, c’est se couvrir d’un manteau et prolonger sa vie

L’expression de la sagesse, s’est se conformer au Tao et redouter d’entreprendre une autre voie
Ce chemin est droit et uni, mais la multitude préfère les sentiers sinueux

Lorsque la vie des palais et à l’opulence, les terres sont stériles et les greniers sont vides
Etre vêtu d’habits somptueux, avoir au côté une épée tranchante, être repu de boisson et de nourriture, déborder de richesse, c’est justifier le vol par une conduite contraire au Tao.

Celui qui affermit les fondations construit pour l’avenir
Ce qui est fortement attaché ne pourra se délier facilement
Fils et petit-fils en recueilleront les fruits et vénéreront sa mémoire

L’homme qui pratique le Tao avec sincérité acquiert l’authenticité
Son exemple profite à la famille, s’étend à l’entourage et dans les villes, affermit l’Etat et propage la verte dans le monde

Juge l’homme selon ton propre modèle, les autres familles selon ta propre famille, les autres village selon ton propre village, les autres Etats selon ton propre Etat.

Comment se faire une idée juste du monde ?
Selon ce qui vient d’être énoncé.
Celui qui pratique le Tao ne craint ni les serpents venimeux, ni les bêtes féroces, ni les oiseaux de proies
Semblable à un nouveau né, sa stature paraît faible, sa musculature frêle, mais sa force intérieure est toute puissante

Dans connaissance de l’acte charnel il contient en lui sa force, conserve à sa virilité toute vigueur

Il harangue avec fougue tout le jour, mais son souffle ne s’affaiblit pas car il est en harmonie
Cet équilibre intérieur lui assure une grande lucidité

Gaspiller son énergie c’est perdre l’essence de l’être
Utiliser sa vigueur c’est rapprocher son déclin
Le cœur active les pulsions, et l’être abuse de sa force
Aller en contresens du Tao c’est précipiter sa fin

Celui qui a le savoir se tait
Celui qui parle constamment montre son peu de connaissance

Retenir ses propos, étendre ses sens, affiner son raisonnement, rassembler ses pensées enchevêtrées, voiler son éclat et se fondre au niveau de chacun, c’est être  en harmonie avec le Tao
Un tel homme, personne ne peut l’influencer
Il est insensible au profit ou à la perte, à l’honneur ou à l’humiliation
Un tel homme représente la noblesse dans le monde
Par l’équité et la justice, on gouverne le royaume
La ruse et les intrigues produisent la guerre
Par le non-agir on devient maître du royaume dans la paix

Comment savons-nous cela ? Par ce qui est dit :
« Plus le roi multiplie les interdits et les dépenses, plus le peuple s’appauvrit. Plus le peuple possède d’armes, plus il y a de troubles dans le pays.
Plus le peuple a d’intelligence, plus il produit d’objets artificiels »
Profusion de lois et de décrets accroissent le vol et le brigandage

Le sage qui pratique le non-agir est un exemple pour le peuple qui s’amende
Le peuple, admiratif de sa quiétude, est enclin à bien se conduire.
Le sage n’entreprend aucune chose et le peuple prospère de lui-même
Il n’exprime aucun désir et le peuple revient à la simplicité
L’indulgence du prince rend le peuple paisible et sincère
L’intransigeance du gouvernement suscite la perfidie et le mensonge
Le bonheur est tapi sous le bonheur
Qui peut prétendre être le maitre du jeu ?
Depuis les temps antiques, les hommes manquent de discernement.
La droiture peut dissimuler la ruse et la vertu revêtir la perversité
Le sage fait des remontrances sans humilier, rectifie sans contraindre, éclaire sans aveugler

Pour gouverner les hommes selon les principes célestes, aucune qualité ne surpasse la réserve
La modération, qualité essentielle, conduit l’homme à la vertu
Ses actions s’enracinent profondément et deviennent sans limite
Elles lui assurent la maîtrise du pouvoir

Cette qualité procède de la Mère du monde, celui qui la possède est comparable à l’arbre, aux racines profondes, au tronc majestueux, assuré d’une vie longue et paisible.

Le gouvernement d’un grand Etat nécessite précaution et attention, comme frire de petits poissons
Lorsqu’on gouverne l’Etat selon les principes du tao, les puissances contraires ne peuvent nuire au peuple

Par son exemple, le sage neutralise les forces contraires, et bien que toutes-puissantes, elles ne l’affrontent pas

Un grand Etat doit savoir s’abaisser, comme les fleuves et les mers, pour recueillir toutes les eaux.
C’est ainsi que s’exprime la féminité qui séduit en s’abaissant et triomphe.

En s’abaissant au niveau de l’Etat inférieur, le grand Etat l’attire à lui
Le petit Etat qui sait s’incliner acquiert la protection du grand
L’un et l’autre parviennent, en s’abaissant, à ce qu’ils désiraient, mais le plus grand doit faire le premier pas

Le Tao est le refuge de tous les êtres, la mine d’or des hommes vertueux, le salut des hommes sans vertu
Des paroles honorables suscitent l’admiration
Par de nobles actions, on acquiert le respect
Faut-il autant repousser les hommes sans vertu ?

Un empereur gouverne avec trois ministres à ses côtés
Mais suffit-il d’être transporté dans un quadrige, ou paré de jade pour être apte ?
Rien ne peut mieux convenir que se conformer au Tao

Les anciens tenaient le Tao en grande estime, pour quelle raison ?
N’est-il pas à la portée de celui qui le recherche ?
Le refuge de toutes les errances ?
Il est le bien le plus précieux et le plus noble au monde
Le Sage pratique le non-agir, œuvre sans s’activer, et apprécie ce qui parait sans saveur.
Il considère petit ou grand avec le même regard

Par vertu, il ne se venge pas des offenses qui lui sont faites
Il aborde avec calme les plus grandes difficultés
Tout problème en ce monde trouve sa solution dans la simplicité

Ainsi le Sage semble n’accomplir aucune action, mais son œuvre est immense

Les grandes promesses ne peuvent être réalisées
Celui embrasse trop, même de petites choses, ne peut réussir son entreprise
Le sage considère avec humilités les difficultés, et tout s’aplanit devant lui

Il est aisé de contenir ce qui est paisible, d’imaginer ce qui n’est qu’une esquisse, de briser ce qui est fragile, d’éparpiller ce qui a peu de consistance, de prévenir avant que le trouble ne se déclare, de mettre de l’ordre lorsqu’il est encore temps

Un arbre majestueux est né d’une racine aussi fine qu’un cheveu
A partir d’une poignée de terre s’édifie une tour de neuf étages
Un voyage de plusieurs miles commence au premier pas

L’action est vouée à l’échec, à trop vouloir, on ne retient pas
Le sage pratique le non-agir, aussi, il n’échoue pas ; il n’a aucun désir et il ne perd rien

Les personnes trop actives ruinent leurs affaires aux portes de la réussite
La finalité est plus importante que le recommencement

Ainsi le sage est sans besoins, ses désirs sont inexistants
Il ne convoite aucun objet, même les plus rares
Il remet en question ses certitudes et observe le monde avec patience
Il laisse agir le temps et ne force pas la nature des choses
Dans les temps anciens, ceux qui gouvernaient et pratiquaient le Tao ne l’enseignait pas au peuple
Transmettre trop de connaissance au peuple multiplie les difficultés pour gouverner
Simplicité et ignorance font le bonheur du peuple
S’appliquer à gouverner selon ces deux principes c’est être en accord avec le Tao

Avoir la connaissance du Tao et s’y conformer, c’est être doué d’une vertu vaste et profonde
Elle procure équilibre et harmonie
Par cette vertu la paix se propage dans le monde
Quelle est la raison de l’importance des fleuves et des océans ?
C’est qu’en étant situés au-dessous des eaux qui ruissellent, ils gouvernent les cent vallées

Ainsi le sage adopte une attitude de retrait, il s’adresse à chacun au niveau le plus bas
Le peuple ne ressent jamais le poids de sa présence et tous le considèrent
Porté au premier rang, tous l’apprécient et le servent sans se lasser, son attitude réservée ne suscite aucune rivalité

La connaissance du Tao est réputée de par le monde, mais elle est peu suivie, bien que sa profondeur soit infinie
Si elle est commune aux autres voies, depuis longtemps, elle sera dépréciée

Trois vertus sont précieuses, je les apprécie et les conserve comme un véritable trésor, ce sont : l’indulgence, la sobriété et l’humilité.
Etre indulgent envers chacun révèle la vraie grandeur d’âme ; modérer ses besoins permet de faire face à de grandes dépenses.
Ne pas s’enorgueillir de ses capacités démontre l’aptitude à gouverner

Aujourd’hui ces trois vertus sont délaissées; les hommes prise la rivalité, l’opulence et l’orgueil ; ainsi s’acheminent-ils plus rapidement vers la mort

Si l’on se prépare au combat avec un cœur généreux, la victoire est plus sûre
La compassion est un rempart devant l’adversité, l’humble attire la bienveillance du ciel

Pour bien diriger une armée il n’est pas nécessaire d’être belliqueux
La colère n’est pas propice à la victoire
La vraie conquête, c’est vaincre sans combattre

Etre sans agressivité pour bien diriger les hommes selon leurs compétences, c’est la vertu de poursuivre la paix conforme à l’enseignement du Tao

Un ancien guerrier disait : « Ne prends pas l’initiative du combat, il est quelque fois préférable de reculer plutôt que d’avancer »
C’est ainsi qu’il faut comprendre les expressions : progresser sans se déplacer, se défendre sans agir, s’opposer sans l’usage des armes
Présumer de ses forces, face à l’ennemi c’est comprendre ses chances de vaincre.
Lorsque deux armées, de forces égales s’affrontent, la victoire ira au plus apte à subir les rigueurs de la guerre
Malgré la simplicité de mon enseignement peu de personne le comprennent et moins encore le suivent
Mes paroles émanent d’une tradition ancienne, mes actions se conforment à ses règles
Les hommes ne considèrent pas les principes dont je m’inspire, je reste méconnu dans le monde
Seuls, ceux qui y adhèrent, me tiennent en grande estime

Le sage est modestement vêtu, comme le diamant recouvert de sa gangue, le joyau est à l’intérieur de l’écrin


Seule, la connaissance du Tao procure le savoir suprême
La sage sait que la connaissance n’est jamais un acquis, voila le vrai savoir

Etre soucieux de ne pas avoir la connaissance est le début de la guérison
Prendre conscience des limites de son savoir, voila ce qui écarte le sage de la maladie
Par cette connaissance, le sage est préservé de la souffrance

Lorsque le peuple ne craint plus le pouvoir en place, c’est qu’un pouvoir supérieur s’apprête à le remplacer

Ne restreins pas l’espace vital du peuple ni ses moyens de subsistance, car fatalement il se lassera de ton gouvernement

Le sage à la connaissance de son savoir, mais ne cherche pas à paraître, il connait sa valeur, mais s’abstient de l’exhiber
Sa réflexion lui procure la capacité d’admettre ou de réfuter à chaque instant

La témérité au combat précipite la mort
La réserve dans la bravoure préserve la vie
Ces deux qualités sont proches, mais l’une nuit, l’autre sert

Pour être conforme au Tao, le sage s’oblige à vaincre sans guerroyer, à obtenir sans contraindre, à susciter l’initiative sans ordonner, à accomplir ses projets sans agir
Le Ciel étend largement les mailles écartées de son filet, qui connait les desseins du Ciel, pour prétendre lui échapper ?
Le sage s’interroge pour les comprendre

Si le peuple n’a pas la crainte de mourir, sera-t-il effrayé par la peine de mort ?
Mais, qui peut prétendre au droit de vie et de mort pour en inspirer la crainte ?

Seul, le pouvoir est apte à décréter la peine de mort, car seul, le maitre charpentier sait manier le couperet sans jamais se blesser

Le peuple est affamé et s’insurge lorsque les gouvernants s’engraissent en dilapidant l’argent des impôts
Le peuple est taciturne et difficile à gouverner, lorsque les dirigeants le traque et le harcèlent

Lorsque les princes mènent grand-train, le peuple souffre, mais ne craint pas la mort, car la nécessité de survivre est déjà très dure
Celui qui n’a aucun souci quotidien d’existence peut encore apprécier la sagesse et la vie

Les hommes, à leur naissance sont souples et faibles, mais ils meurent durs et raides
De même les arbres et les plantes poussent tendres et fragiles, mais la mort les dessèche et les flétrit
Dureté et rigidité sont les attributs de la mort
Souplesse et faiblesse sont l’apanage de la vie

Bien que puissante, une armée n’est jamais sûre de vaincre
L’arbre le plus majestueux, un jour se courbera
La force et la puissance sont des positions éphémères ; la souplesse et la faiblesse peuvent s’affermir

Le Tao est comme un arc tendu, la partie haute se courbe et la partie basse se relève
L’excès compense le manque
Ainsi est le Tao

Oter à ceux qui manquent et engraisser ceux qui sont pourvus, c’est contraire au Tao
Seul, celui qui se conforme au Tao est capable d’équité et de répartir l’abondance

Ainsi œuvre le sage, il compense le manque en supprimant le superflu, mais in ne s’enorgueillit pas de sa sagesse

L’eau est la seule chose la plus faible et la pus fluide de ce monde, cependant, ni dur ni fort ne lui résiste et rien ne saurait la remplacer
La faiblesse a raison de la force, la souplesse est plus efficace que la rigidité
Chacun sait cela, mais bien peu mettent en pratique ces principes

Aussi le sage déclare : « Celui qui peut subir toues les souillures et les calamités du royaume est le seigneur de la terre et des moissons »
Les paroles d’une profonde vérité, sont quelques paradoxales

Tous les efforts de réconciliation n’effacent pas totalement les ressentiments d’une querelle
Que faire pour améliorer cet état de chose ?

Le sage ne réclame jamais, il conserve les preuves de son contrat
En se conformant au Tao, il évite la discorde

Le ciel ne favorise personne, celui qui recherche la paix s’en trouver récompensé

Pour un petit état à la population restreinte, l’usage d’engins de guerre, n’est pas un bon conseil

J’enseignerais au peuple la crainte de la mort et je lui déconseillerais d’entreprendre de longs voyages
Qu’il n’utilise pas de navires et de chars, ni ne cumule armes et cuirasses

Je l’exhorterais à revenir aux coutumes anciennes et à nouer la cordelette en mémoire des évènements

En ce temps-là, les aliments avaient de la saveur, les vêtements étaient convenables, les traditions anciennes emplissaient les demeures de quiétude
Le cri du coq et l’aboiement du chien se faisait écho d’une contrée à l’autre
Sans souci de la région voisine, chacun mourait chez soi d’une paisible vieillesse

La sincérité ne nécessite pas une grande éloquence
La parole authentique est rarement flatteuse

La vertu du sage n’est pas séduction de paroles
L’intelligence n’est pas le savoir, la sagesse n’est pas le fruit de l’intelligence
L’érudition n’est pas la connaissance du Tao

Le sage n’amasse pas, plus il dispense, plus il s’enrichit et accroit son héritage


Tel est le Tao, la voie du Ciel qui procure sans nuire
Telle est la voie du sage, il œuvre, mais son action n’est pas perceptible

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